La chapelle Saint Bernard a 50 ans !

La chapelle Saint Bernard a 50 ans !

30 Jan, 2020
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A l’occasion de ses 50 ans,

Aperçu de l’histoire de la Chapelle

Origine

La chapelle Saint-Bernard de Montparnasse a ouvert ses portes le 1er septembre 1969, premier lieu de culte ouvert dans l’enceinte d’une gare parisienne. Elle fut nommée ainsi en reconnaissance de la persévérance d’un laïc, Victor Bucaille, conseiller de Paris engagé dès 1955 dans la reconstruction de l’ensemble Maine-Montparnasse, qui se démena pendant plus de 10 années pour faire advenir cette chapelle et dont le fils Bernard était décédé quelques temps avant son achèvement.

Saint-Bernard n’avait pas pour seule mission d’être un espace chrétien d’accueil et de prière pour les gens de passage. Mgr Marty, archevêque de Paris, lui avait demandé d’être un lieu de mise en œuvre des orientations du Concile Vatican 2. Jusqu’au début des années 2000 la chapelle a eu une organisation particulière : la responsabilité en était assurée par un Conseil élu de laïcs et un « prêtre accompagnateur » nommé par l’archevêché (sur proposition de trois noms par le Conseil). Le premier prêtre accompagnateur, Bernard Feillet, a apporté une contribution décisive aux débuts de la communauté Saint Bernard dans la voie tracée par Mgr Marty., Il se trouve qu’il vient de décéder début décembre 2019, juste 50 ans après.

Un lieu d’ouverture et de créativité

Si ce lieu est devenu ce qu’il est aujourd’hui c’est essentiellement par les apports de ceux qui ont y été accueillis, avec leurs questions, leurs sensibilités, leurs recherches et leurs différences.

Saint-Bernard a accueilli des artistes – nous sommes rive gauche – qui ont contribué à la décoration de cette chapelle (en particulier Pierre de Grauw qui a sculpté son mobilier), des poètes et des musiciens qui ont favorisé la qualité dans les célébrations.

Presque chaque week-end des concerts y ont été donnés par des amateurs ou des professionnels ; des groupes tels que « Les amis de Wilhelm Fürtwangler » s’y réunissaient,

Saint-Bernard a accueilli aussi des philosophes, des théologiens, des exégètes, des écrivains ,qui ont contribué à alimenter la réflexion et la recherche de Dieu à l’épreuve de l’athéisme contemporain. Plusieurs des aumôniers ou chapelains de Saint Bernard étaient largement connus pour leurs contributions théologiques et spirituelles. De 1981 à 2012, Maurice Bellet et Jean-Marie Martin y tenaient un séminaire tous les 15 jours. Joseph Moingt, Paul Valadier, Marie Balmary, Axel Jahn, Jean-Baptiste de Foucauld, Jean-Marie Petitclerc, Sylvie Germain, Jacques Musset, pour n’en citer que quelques-uns, y ont donné des conférences. Les « Amis de Jean Sullivan » s’y sont réunis pendant des années. Récemment un texte élaboré par un groupe de travail de Saint Bernard (« Pour une évolution du langage de la foi ») a retenu l’attention de la Conférence des évêques de France.

Mais Saint Bernard a été aussi un lieu d’accueil des gens de la rue, des personnes en attente d’un train, en recherche d’un lieu pour dormir, … La chapelle a accueilli en 1975 les prostituées en révolte lorsqu’elles « ont pris la parole » et a aussi abrité une grève de la faim d’immigrés en attente de papiers officiels. Pendant plusieurs années St. Bernard a été le lieu de réunion d’un groupe « David et Jonathan », mouvement homosexuel chrétien et un groupe SNC (Solidarités nouvelles contre le chômage)

Mais surtout Saint-Bernard rassemblait des femmes et des hommes, porteurs d’interrogations sur leur foi – questionnements surgis souvent d’un engagement chrétien très fort remis en cause par des évènements personnels, professionnels ou familiaux – mais porteurs aussi d’un souci de coresponsabilité au service de la pastorale : travailleurs, chômeurs, retraités, hommes et femmes, mais aussi prêtres, religieuses ou religieux, engagés par ailleurs, mais qui appréciaient ce lieu en retrait et, en retour, qui lui apportaient un regard extérieur et aussi des contributions en matière de liturgie ou d’animation. On peut citer parmi beaucoup Charles Barrelier, Edmond Vandermeersch sj, Michel Grolleau, Xavier Lerolle, Jean-Claude Huvé sj.. En pratique il y avait le public des dimanches et des soirées qui se ressourçait dans l’amitié et la prière à la messe de 11 heures le dimanche (liturgies de style « St Bernard ») ou en soirée ou le samedi (conférences, groupes d’échanges, travail sur l’intelligence de la foi, notamment Evangile et Actualité lancé avec Gabriel Ringlet il y a 15 ans…) et le public de semaine (gens de passage, parfois de la rue, travailleurs du quartier) à qui étaient proposés accueil permanent, messes et groupes d’échanges ou de réflexion, ou simplement un lieu où se recueillir, à la frontière de l’agitation extérieure.

En 2001 les statuts de la chapelle ont été modifiés avec le diocèse pour être plus en harmonie avec l’air du temps : le prêtre n’était plus accompagnateur mais responsable en dernier ressort après avis du Conseil.

En 2013 la chapelle Saint Bernard a été désignée comme point d’attache de la communauté Sant’Egidio à Paris. Il y a donc eu à partir de ce moment deux communautés dans le cadre de la chapelle. La synergie qui avait été espérée n’a pas vraiment fonctionné. On en était dans des tentatives pour stabiliser un nouveau mode de fonctionnement multipolaire lorsqu’une nouvelle radicale est tombée en juin 2018  : la chapelle devait être fermée. D’abord pour des travaux dans la gare qui n’étaient que temporaires ; puis il s’est révélé que la chapelle ne respectait pas les normes actuelles de sécurité. De gros travaux doivent être entrepris et la réouverture n’interviendra pas avant septembre 2020 au mieux.

Alors est-ce un coup d’arrêt ou l’occasion d’un rebond ?

Sur les 50 ans passés on peut dire que le projet initial de Saint Bernard a bien fonctionné pendant 30 ans ; il a fait vivre l’esprit de Vatican 2 et il a attiré des chrétiens en recherche « d’autre chose » sur tout Paris et la banlieue Sud. Depuis 20 ans elle a plutôt essayé de survivre dans un cadre qui n’était plus porteur ; il est difficile de faire la part entre un possible désintérêt des nouvelles générations pour l’approche qui y est pratiquée et le fait que cette approche était loin des orientations de l’Eglise de Paris. La communauté St Bernard s’est très peu renouvelée, elle est vieillissante ; son rayonnement a progressivement diminué.

Pourtant l’Eglise bouge, même si on n’en perçoit encore que des signaux faibles, et l’Esprit est à l’œuvre en nous comme en d’autres ! Alors on se prend à rêver d’un nouveau projet qui ne serait pas uniquement celui de Saint Bernard mais pourrait être celui d’un réseau de plusieurs lieux dans Paris : par exemple, être une porte ouverte pour la « diaspora chrétienne » de Paris, ceux qui ne sont plus dans les églises paroissiales classiques pour des raisons très diverses, mais qui gardent une flamme de foi encore allumée en eux. Les membres de Saint Bernard, porteurs d’une expérience riche, pourraient s’investir dans la l’élaboration et la mise en œuvre d’un tel projet, qui n’implique pas, bien sûr, de renoncer aux fonctions d’accueil et d’animation locales sur le site de la gare Montparnasse.

Aumôniers ou chapelains

2013-….. _ Jérôme Thuault , avec Pierre Géry à partir de 2014 pour l’accompagnement de la communauté St Bernard
2006-2013 _ Michel Cerles
2001-2006 _ Louis Valentin
1998-2000 _ Antoine Delzant (+ 2013)
1994-1998 _ Guy Lafont
1988-1994 _ Jacques Legoédec (+ 2007)
1980-1988 _ Jean Rogues (+2018)
1977-1980 _ Marie-Jean Mossant (+1994)
1977-1977 _ Pierre Talec (+2016)
1969-1977 _ Bernard Feillet (+2019)

Coordinateurs (du plus récent au plus ancien)

  • Georges Marin
  • Maja Siemek
  • Michel Donzel
  • Jean Gauvin
  • Sylvie Coisne
  • Marie-Hélène Peyrache
  • Christian Lesrel
  • Alain Lockart
  • Paul Reynaud
  • M-Pierre Corrèze
  • Albert Juillet
  • Marie-Agnès Bourdeau
  • Jean-François Pernot
  • Michaëlle de Cock
  • Jean-Luc Maxence
  • Edith Bernard
  • Jacques Lejeune
  • Henri-Jacques Stiker

 

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