Après avoir identifié des critères de sainteté dans l’Ecriture (l’Evangile des Béatitudes (Mt 5), d’une part, et la parabole du Jugement dernier (Mt 25) d’autre part), le pape François donne des orientations précises pour vivre la sainteté aujourd’hui. Il n’a pas la prétention de nous transmettre un cadre très détaillé, mais plutôt « quelques caractéristiques » nous permettant de vivre à la manière du Christ dans le monde contemporain.
Le contexte dans lequel nous vivons est marqué par « l’anxiété nerveuse et violente qui nous disperse et nous affaiblit ; la négativité et la tristesse ; l’acédie commode, consumériste et égoïste ; l’individualisme et de nombreuses formes de fausses spiritualité sans rencontre avec Dieu. » (GE n°111) Fort de ce constat, le pape François nous confie 5 recommandations pour répondre avec sainteté aux défis de notre temps :
- « Endurance, patience et douceur » : trois facettes d’une même attitude, afin d’être en paix, même lorsque tout s’agite autour de nous. Il faut s’humilier, à l’exemple du Christ, écrit François, même si « le monde se moque d’une pareille proposition » (GE n°120).
- « joie et sens de l’humour » : véritable leitmotiv du pape François, qui a consacré une large place à la joie dans tous les grands textes de son pontificat
- « audace et ferveur » : afin de ne pas vivre paralysés par le peur mais toujours portés par le dynamisme de l’Esprit
- « en communauté » : car le combat pour la sainteté peut s’avérer difficile à mener. Il est beau de parcourir ensemble ce chemin. Le pape François rappelle ceux que l’Eglise a canonisés ensemble : les sept fondateurs de l’ordre des Servites de Marie, saint Paul Miki et ses compagnons (martyrs au Japon), les moines de Tibhirine (qui seront béatifiés prochainement).
- « en prière constante » : car la sainteté commence dans la contemplation de celui qui est le seul Saint.
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L’appel à la sainteté #3
Le chapitre 3 de Gaudete et Exsultate rappelle les principaux critères de sainteté, que le pape François extrait de deux textes fondamentaux de l’Evangile : les Béatitudes (Mt 5) et la parabole du jugement dernier (Mt 25,31-46).
Fidèle à son habitude, le pape nous exhorte à prendre au sérieux l’Evangile, et en cherchant à le mettre en pratique. Il connait bien la tentation – répandue dans notre pays – de réduire le texte biblique à un objet d’étude. « Le christianisme est d’abord fait pour être pratiqué, et s’il est objet de réflexion, ceci n’est valable que quand il nous aide à incarner l’Evangile dans la vie quotidienne » (GE n°109).
Chaque commentaire des béatitudes se termine par cette conclusion: « c’est ça la sainteté! »
- Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté !
- Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté !
- Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté !
- Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté !
- Regarder et agir avec miséricorde, c’est cela la sainteté !
- Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, c’est cela la sainteté !
- Semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté !
- Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté !
L’appel à la sainteté #2
Dans le chapitre 2 de son exhortation, le pape François met en garde contre « deux ennemis subtils » de la sainteté. Il s’agit de deux attitudes qu’il considère comme particulièrement pernicieuses. Du reste, il les avait déjà dénoncées dans sa première exhortation « la joie de l’Evangile. » (GE n°94)
Gnosticisme et pélagianisme : voilà deux attitudes qui sont incompatibles avec la sainteté chrétienne. Les termes ne datent pas d’aujourd’hui puisqu’il s’agit, en réalité, de deux hérésies chrétiennes des premiers siècles, et qui tendent à réapparaitre sous des formes nouvelles à notre époque.
Les gnostiques réduisaient la foi à un savoir, exaltant la connaissance, et oubliant que c’est toujours le Seigneur qui fait le premier pas. Il se révèle à nous. « Il a toujours été très clair – écrit François – que la perfection des personnes se mesure par leur degré de charité et non par la quantité des données et des connaissances qu’elles accumulent. »
En bref, s’il est important d’approfondir sa foi, cherchant à mieux connaitre les Ecritures ou la doctrine de l’Eglise, attention à la fausse sécurité que provoque la connaissance ! L’humilité reste la voie la plus sûre de sainteté.
Le pélagianisme consiste à exalter la volonté humaine. Or la sainteté n’est pas uniquement question de volonté ou de force personnelle. Citant une formule de St Bonaventure, François rappelle que « tous ne peuvent pas tout »,. « L’absence de la reconnaissance sincère, douloureuse et priante de nos limites est ce qui empêche la grâce de mieux agir en nous » (n°50)
Devenir saint demande certainement un effort, une conversion de notre part… mais le premier pas à accomplir, c’est de laisser la grâce de Dieu pénétrer dans nos vies.
texte intégral sur le site vatican.va